Isabelle EYOUM – Orthophoniste

ex-chargée de cours à l’UFR médicale Pitié-Salpêtrière et aux écoles d’orthophonie de Besançon, Bordeaux et Limoges,

actuellement chargée de cours à l’U.I.C. et à l’Université Mohammed VI de Casablanca.

 


La mémoire au sein des activités cognitives

 


Les troubles de l'oralité chez le tout petit et la déglutition dysfonctionnelle de l'enfant avec ou sans handicap

 


Troubles du tonus dans les fonctions oro faciales

 


La TMR : Thérapie Mélodique et Rythmée

 


La prise en charge des maladies neuro-dégénératives


Étant donné mon long parcours professionnel, j’ai été amenée à m’impliquer dans de nombreux domaines qui m’ont passionnée et j’ai voulu transmettre ce que ces nombreuses années d’exercices et les multiples rencontres en France ou à l’étranger de personnes hautement qualifiées m’ont apportées dans le but d’aider d’autres orthophonistes.

 

Le tonus et les fonctions de la face : ayant travaillé aux Invalides comme infirmière avant mes études d’orthophonie, j’ai eu à faire des soins au service des « gueules cassées », lorsque j’ai travaillé plus tard (1982-83) en tant que stagiaire orthophoniste à l’hôpital Henri Mondor dans le service du professeur Hamonet, il y avait un suivi de patients présentant des pathologies de la face paralysies faciales ou cancers de la face et ce que j’avais acquis avant m’a été fort utile. Ghislaine Couture, maîtresse de stage, m’avait remarquée ainsi qu’un autre stagiaire Frédéric Martin et dix ans plus tard nous avons écrit et publié « les fonctions de la face » en 1997. Par la suite, je me suis rendu compte que la posture et le tonus global était très importants à étudier dans les exercices à inventer ou dans les stimulations à faire sur la musculature du visage mais aussi du cou et des épaules dans beaucoup de pathologies. Après plusieurs cours en fac à la Salpêtrière et avoir travaillé avec le docteur Labbé, chirurgien de la face, Frédéric et moi avons décidé de créer des formations pour aider les autres orthophonistes à partager nos expériences de terrain. J’ai réalisé un numéro spécial dans Rééducation Orthophonique sur le toucher en orthophonie puis un autre sur le tonus avec Gilles Leloup.

 

La mémoire : en 1965, j’ai souffert d’une méningo-encéphalite à forme poliomyélitique, ce qui m’a obligé à interrompre mon cursus d’infirmière. J’ai mis trois ans à récupérer mes fonctions motrices et cognitives et me suis lancée dans des études de psycho jusqu‘au DEUG. Là je me suis rendu compte que j’avais des séquelles cognitives sur la mémoire. Je me suis rééduquée tant bien que mal et en 1980, j’ai entamé des études d’orthophonie. Au prix de beaucoup de travail j’ai été diplômée en 1983. En 1990 je travaillais avec le Dr Métellus neurologue à Emile Roux qui organisait chaque année un congrès de neurologie à l’hôpital. Il m’avait demandé de contacter le Dr Monique Le Poncin pour qu’elle y participe. Elle était spécialisée en mémoire et je lui ai parlé de mes soucis ; elle m’a prise en rééducation et ses conseils m’ont permis de mener ma carrière sans soucis. J’ai créé cette formation avec son aval et je la poursuis en sa mémoire car elle est décédée en 2017 et ses travaux ne doivent pas disparaître.

 

Les maladies génétiques : au cours de ma carrière j’ai eu à soigner une petite fille atteinte d’un syndrome appelé Papillon, Léage et Psaume dont je n’avais jamais entendu parler. Je suis entrée en contact avec le Dr Postel-Viney à Necker enfants malades. J’ai beaucoup appris avec elle et elle m’a demandé, à la suite d’un contact avec le président de la FNO Jacques Roustit, de réaliser un numéro spécial Rééducation Orthophonique sur les maladies génétiques puis j’ai écrit un chapitre dans l’ouvrage collectif de Thierry Rousseau sur l’Orthophonie, puis dans celui de Jean-Marc Kremer et coll. J’ai suivi plus de 10 différentes pathologies génétiques en cabinet et j’ai eu envie de partager cette expérience avec mes collègues.

 

La dysphagie : au cours des 15 années où j’ai travaillé à Emile Roux en Gériatrie avec le Dr Métellus, j’ai créé un atelier sensoriel pour aider des personnes démentes incluant la stimulation du goût et l’odorat. J’ai vu beaucoup de patients dysphagiques, j’en avais suivi en rééducation fonctionnelle à Henri Mondor et j’ai souhaité expliquer différents exercices que j’avais mis au point pendant ces années en formation. Je suis allée faire cette formation dans beaucoup d’hôpitaux Briançon, Mulhouse, Bergerac etc.

 

Les troubles de l’oralité et la PEC de la déglutition dysfonctionnelle : Ayant eu la chance de travailler un peu avec Monique Haddad à l’hôpital d’Argenteuil en néonatalité et de suivre avec elle un mémoire sur les prématurés, je me suis passionnée pour la prise en charge des tout-petits. J’ai aussi eu la chance de travailler avec Isabelle Barbier à la prise en charge d’ateliers de parents ayant des enfants atteints de syndromes génétiques et présentant entre autres des troubles de l’oralité.  J’ai suivi en cabinet beaucoup d’enfants de 12 mois à 4 ans pour des troubles de l’oralité alimentaire et verbale et j’ai travaillé avec Françoise Coquet pour l’établissement de grilles d’évaluation de l’oralité, du tonus et du dépistage de maladies génétiques dans EVALO BB. Cela m’a donné l’idée de faire une formation sur ce sujet. Quant à la déglutition dysfonctionnelle j’y avais été formée par Christiane Langel, puis j’ai beaucoup partagé avec Gilles Leloup, nous avons écrit beaucoup d’articles ensemble et organisé aussi des formations communes avant que je ne continue seule.

 

Les maladies neuro-dégénératives :  dans mon travail en gériatrie à Emile Roux, puis dans mon travail en libéral dans de nombreux EHPAD, j’ai eu à prendre en charge des patients atteints de SLA, syndromes parkinsoniens divers et démences variées, cette expérience m’a appris à mettre au point des rééducations particulières basées sur l’observation clinique et la communication avec les patients et leur ressenti. Cela m’a donné envie de partager ces découvertes avec mes collègues.

La TMR : Ayant eu Philippe Van Eeckhout comme maître de stage et de mémoire, puis ayant travaillé avec lui 5 ans à la Salpêtrière et prenant beaucoup de ses patients à domicile ou à l’hôpital, j’ai adoré la TMR et tout ce que cette méthode apportait comme possibilités même pour d’autres pathologies que les aphasies de Broca. Philippe m’ayant autorisé à développer mes idées, je me suis servie de la TMR avec des patients bègues et des patients dysphasiques avec beaucoup de satisfaction de la part des patients. Il m’a d’ailleurs encouragée à faire cette formation.